NACIOUN GARDIANO

la cansoun de la coupo

                 

 
1866 : Le poète catalan Victor Balaguer, en exil politique, est accueilli en frère par les Félibres Provençaux.


1867, le 30 Juillet, en remerciements, les Félibres Catalans offrent à leurs homologues provençaux une coupe en argent figurant la Catalogne et la Provence unies comme deux soeurs.

1867, en Aout, en Avignon, à l'issue du banquet des Félibres, Frédéric Mistral lève la coupe et entonne le chant qu'il a écrit pour célébrer la communion des deux pays dans leur combat culturel.

         

 




Prouvènçau, veici la Coupo
Que nous vèn di Catalan.
A-de-rèng beguen en troupo
Lou vin pur de noste plant.

Coupo Santo
E versanto,
Vuejo à plen bord
Vuejo à bord
Lis estrambord
E l'enavans di fort.


D'un vièi pople fièr e libre
Sian besai la finicioun ;
E si toumbon li Felibre,
Toumbara nosto nacioun .

D'uno raço que regreio
Sian bessai li proumié gréu,
Sian bessai de la patrìo
Li cepoun emai li priéu.

Vuejo-nous lis esperanço
E li raive dóu jouvènt,
Dóu passat la remenbrenço,
E la fe dins l'an que vèn..

Vuejo nous la couneissènço
Dóu Verai emai dóu Bèu,
E lis àuti jouïssènço
Que se trufon dóu toumbèu.

Vuejo nous la pouësio
Pèr canta tout ço que viéu,
Car es elo l'ambrousio
Que tremudo l'ome en Diéu.

Pèr la glòri dou terraire
Vautre enfin que sias counsènt,
Catalan de liuen, o fraire,
Coumunien toutis ensèn !


        

Version chantée d'André CHIRON

Sur la musiqued'un Noël traditionnel de Nicolas Saboly (XVIIème siècle), ce chant devient l'hymne des Pays
de langue d'Oc sous l'appellation" La coupo Santo ".

Il convient de ne pas l'applaudir en tant que tel, mais il ne faut pas s'offusquer de l'enthousiasme (et donc des applaudissements) qu'il déclenche chez les non initiés lorsqu'il est entonné à la fin d'une manifestation..
Il est d'usage de ne chanter que trois couplets : les deux premiers et le dernier que l'on chante debout et sur un rythme plus lent avant de reprendre avec vigueur le refrain sur un tempo normal.
On y ajoute souvent le quatrième couplet qui évoque l'avenir.
La version présentée, chantée par André CHIRON, permettra aux non initiés à la lengo nostro de la chanter correctement.                                       






Provençaux, voici la coupe
Qui nous vient des Catalans
Tour à tour buvons ensemble
Le vin pur de nos plants


Coupe Sainte
Et débordante,
Verse à plein bord
Verse à flots
Les enthousiasmes
Et l'énergie des forts.

D'un vieux peuple fier et libre
Nous sommes peut-être la fin ;
Et, si les Félibres tombent,
Notre nation tombera.

D'une "race" qui renait
Nous sommes peut-être les premiers germes,
Nous sommes peut-être les soutiens
Et les chefs de la Patrie.

Verse-nous les espérances
Et les rêves de la jeunesse,
Le souvenir du passé,
Et la foi de l'an qui vient.

Verse-nous la connaissance
Du vrai comme du Beau,
Et les hautes jouissances
Qui se moquent de la mort.

Verse-nous la poésie
Pour chanter tout ce qui vit,
Car c'est elle l'ambroisie
Qui transforme l'homme en Dieu.

Pour la gloire du terroir
Vous autre enfin qui êtes nos complices
Catalans, de loin, oh frères
Tous ensemble, communions !